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La stratégie d’adaptation au changement climatique

LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : UN ENJEU MAJEUR POUR LE TERRITOIRE DU PAYS DU HAUT-DOUBS

Le réchauffement climatique est une réalité qui a été constatée depuis des années par l’ensemble des acteurs des principales filières d’activités de notre territoire et désormais conscients de la nécessité de s’y adapter et de prendre en compte cette donnée qui est cette fois bien appréhendée comme s’inscrivant dans la longue durée.

L’étude de Météo-France réalisée il y a quelques années avait débouché sur la conclusion d’un réchauffement marqué sur l’ensemble de la région pour les décennies à venir et qui prévoyait :

  • une hausse des températures moyennes et du nombre de jours où la température maximale dépassera 25°c.
  • une diminution du nombre de jours de gel.

Ainsi entre 2010 et 2080 la température annuelle moyenne passerait de 8,5° à 11,5% soit 3° de plus.

Concernant les précipitations, les tendances décrites dans l’étude de Météo-France sont beaucoup moins marquées que pour les températures mais elles montrent cependant :

  • une augmentation des précipitations hivernales (d’octobre à mars inclus) est prévue dès 2030,
  • une baisse des précipitations estivales (d’avril à septembre inclus) assez nette, surtout à l’horizon 2050,
  • une diminution des précipitations annuelles qui semble se dessiner pour l’horizon 2080.

Aussi les simulations réalisées indiquent:

  • une évolution température moyenne Horizon 2030 : réchauffement de 1 à 1,5°c
  • une évolution température moyenne Horizon 2050 : réchauffement de 2 à 2,5°c
  • une évolution température moyenne Horizon 2080 : réchauffement de 3,5° à 4°c

Selon ces projections, le climat bisontin à l’horizon 2030, serait équivalent à celui de Lyon aujourd’hui ; en 2050, il serait semblable à celui que connaît Arezzo (Toscane) actuellement. À l’horizon 2080, le climat actuel de Ioannina (Grèce) est donné par Météo-France comme le plus probable, avec cependant une incertitude plus forte.

Le modèle climatique développé par Météo-France fait apparaître pour Besançon aux horizons 2030, 2050 et 2080 une double évolution du climat : une augmentation de la température annuelle moyenne et une modification du régime annuel de pluviométrie.

Ces évolutions impacteraient donc très fortement la zone du massif du Jura et le Pays du Haut-Doubs en particulier et ceci dans plusieurs domaines extrêmement importants et pour lesquels les acteurs du terrain ont déjà fait remonter les conséquences suivantes :

La Ressource en eau

Il s’agit là de l’un des enjeux prioritaires pour le territoire avec les impacts suivants :

  • Une progression des risques d’inondation lors de fortes précipitations, accentuée par l’imperméabilisation des sols des dernières décennies, due principalement à l’urbanisation.
  • Une baisse, avérée depuis 30 ans de l’enneigement sur le massif : précipitations plus élevées mais des températures plus douces l’hiver.
  • Des étiages plus sévères en été aussi bien sur les cours d’eau que sur les nappes souterraines, le secteur de Pontarlier-Métabief étant déjà confronté à des soucis d’approvisionnement.
  • La disparition de zones humides et le risque de pollution des cours d’eau lors d’à secs ou de périodes de faibles débits (eutrophisation, destruction d’espèces rares, etc.), nuisant à la biodiversité (Doubs, Drugeon, Bief Rouge,…).
  • Un réchauffement des eaux de surface aboutissant à un risque accru de développement de bactéries et de colonisation par des algues, en plan d’eau notamment.
  • Des conflits et des tensions autour de la ressource en eau dus à la hausse de la consommation pour l’agriculture, le tourisme, l’énergie, accentués en périodes d’étiages sévères ou de sécheresses.

La forêt et le bois

C’est là encore l’un des enjeux du changement climatique pour le territoire du Pays du Haut-Doubs avec les incidences suivantes :

  • Augmentation de la productivité forestière ces dernières décennies due à l’allongement de la saison de croissance : un réchauffement avance la date de débourrement des bourgeons et retarde la chute des feuilles et à une stimulation de l’activité de photosynthèse par la hausse de la concentration de C02.
  • Pertes de productivité lors de hausse importante des températures et de stress hydrique en période de sécheresse.
  • Dépérissement de certaines espèces, déjà constaté sur l’épicéa en dessous de 700 mètres dans le massif jurassien, dû à la hausse des températures amplifiant la présence de ravageurs/parasites (bostryche, chenilles processionnaires, encre du chêne notamment).
  • Évolution des aires de répartition potentielle des espèces d’arbres : recul du chêne pédonculé, du hêtre, de l’épicéa et du sapin et développement potentiel du chêne pubescent, du chêne vert, du chêne sessile.
  • Impacts plus importants des tempêtes, déjà constatés, sur des peuplements fragilisés : arbres de plus en plus hauts et un mauvais profil des lisières face au vent en limite forêt/terrain agricole.
  • Évolution et migration de la faune et de la flore des forêts (entre autres, hiver- nation sur place d’oiseaux habituellement migrateurs).

L’agriculture

Là encore, les incidences du changement climatiques sont à anticiper :

  • En deçà d’un certain seuil de réchauffement du climat, on observe depuis 15 ans une augmentation de la productivité végétale, du fait de la hausse de concentration en C02 de l’atmosphère, favorable à la photosynthèse et de l’allongement de la période de végétation : un réchauffement léger, confiné à 1 ou 2° c peut avoir des effets bénéfiques sur les rendements agricoles.
  • La période de récolte des foins et d’autres cultures a été avancée en 30 ans de 15 jours, voire plus sur certains secteurs.
  • Sur les plateaux, les périodes estivales sèches se multiplient depuis 15 ans et le manque d’eau des prairies naturelles sur sol karstique réduit fortement les volumes et la qualité des fourrages.
  • Baisse de la disponibilité de la ressource en eau pour l’irrigation : concurrence accentuée avec d’autres usages.

Le tourisme

Il s’agit là d’une activité référente et historique pour le territoire, certainement la plus affectée des évolutions climatiques :

  • Des étés plus secs et plus chauds favorables à un étalement de la période touristique, de juin à septembre.
  • Des étés plus secs en Franche-Comté et caniculaires dans les régions françaises plus au Sud entraînent une hausse de la fréquentation touristique en montagne et dans les zones de lacs. Les familles et personnes sensibles aux températures élevées pourraient rechercher ce type de destinations plus clémentes.
  • Une baisse de la disponibilité et de la qualité de la ressource en eau en période estivale implique la multiplication des restrictions des usages (piscines,…), la remise en cause de certaines activités telles que pêche de loisir, canoë-kayak, canyoning… et a des impacts sanitaires sur certains plans d’eau destinés à la baignade par le développement des algues.
  • Baisse de la fiabilité de l’enneigement sur des massifs de moyenne montagne qui constitue certainement l’incidence la plus notable et la plus problématique actuellement compte tenu des enjeux d’investissements consacrés aux sports d’hiver.
  • Les autres enjeux concernés par le changement climatique :

En dehors des quatre grands enjeux posés par le changement climatique pour le Pays du Haut-Doubs, celui-ci impliquent d’autres incidences qu’il conviendra également d’anticiper, notamment au niveau des thématiques suivantes avec déjà des pistes d’actions :

La biodiversité

  • renforcer la connaissance sur la biodiversité, ses fonctionnalités, liens entre changements climatique et biodiversité et les interactions des espèces ;
  • mettre en place: renforcer les réseaux de suivi de la biodiversité, notamment des espèces envahissantes ;
  • poursuivre la mise en œuvre des trames vertes et bleues pour permettre les migrations d’espèces ;
  • prendre en compte la biodiversité dans les documents d’urbanisme ;
  • mobiliser, éduquer et sensibiliser l’ensemble des acteurs.

L’urbanisme et la gestion de l’espace

  • mener des actions visant à réduire la consommation énergétique en climatisation dans le bâtiment (conception, équipements performants, sensibilisation des occupants,…) ;
  • favoriser l’évaluation et la mise en œuvre de nouveaux matériaux et infrastructures résistants aux effets climatiques importants (chaleur, …) ;
  • développer une vision prospective sur l’ampleur des risques naturels sur les zones urbanisées afin de parvenir à un zonage.

La santé

  • développer la surveillance des pollens et des moisissures et améliorer les connaissances et la surveillance de leurs impacts sanitaires ;
  • cartographier et surveiller l’implantation de certaines espèces de vecteurs et/ou d’hôtes réservoirs responsables de maladies infectieuses ou parasitaires ; et mettre en œuvre et structurer l’expertise relative à ces espèces ;
  • analyser et adapter les bâtiments accueillant des personnes sensibles pour pallier les conséquences d’évènements extrêmes plus fréquents et plus intenses ;
  • réintroduire l’eau et la végétation dans les espaces urbains afin de limiter les effets de chaleur en cas de canicule ;
  • mobiliser et sensibiliser le grand public et mettre en place des formations initiales et continues des professionnels de santé.

L’énergie et l’industrie

  • développer une politique en faveur de l’utilisation rationnelle de l’énergie ;
  • promouvoir l’architecture bioclimatique ;
  • construire et dimensionner les bâtiments en respectant les normes énergétiques en vigueur voire en les envisageant « positifs », c'est-à-dire produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment ;
  • encourager les processus efficaces, les moins consommateurs de matière et d’énergie ;
  • former et sensibiliser sur la thématique « confort d’été » les professionnels de la maintenance et les utilisateurs. Pour les usages de la climatisation qui ne pourront être évités, les technologies de refroidissement les plus efficaces, notamment collectif, seront privilégiés ;
  • encourager l’usage des énergies renouvelables.

Les enjeux économiques sont importants puisque l’on peut estimer à au moins 20% les emplois très directement affectés par l’évolution du changement climatique (filières tourisme, agriculture, forêt, …).

L’ensemble de ces questions et enjeux tant en impacts directs à anticiper que de solutions nécessaires en terme d’adaptation du territoire en direction de la gestion des ressources naturelles, aménagement du territoire et du logement est aujourd’hui considérée par les acteurs publics du pays du Haut-Doubs comme une composante essentielle du futur SCOT qui est en cours d’élaboration sur le périmètre du Pays du Haut-Doubs.

Conscient que la poursuite du processus engendrerait divers bouleversements importants pour leur territoire, les élus du Haut-Doubs ont donc souhaité s’engager dans une démarche visant à :

  • identifier avec précisions les effets actuels et en cours et mesurer leurs incidences sur les activités du territoire.
  • connaître les effets attendus à moyen et long terme.
  • trouver des solutions pour atténuer les effets négatifs du changement climatique.

C’est dans optique que le Pays du Haut-Doubs a candidaté à l’appel à projet national « Ateliers des territoires » porté par le ministère de l’aménagement durable et qui tout au long de l’année 2017 analysera le positionnement du territoire du Pays du Haut-Doubs face aux enjeux et perspectives du changement climatique.